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8 juin 2020

Pourquoi les hommes sont-ils plus sévèrement atteints par la COVID-19 ?

Une drôle d’observation a été faite en Italie dans le cadre de recherches sur les traitements en cancer. En effet, les patients présentant un déficit en testostérone, à la suite d’un traitement contre le cancer de la prostate, auraient moins de risques d’être infectés par le coronavirus. Cette découverte vient appuyer l’hypothèse selon laquelle les androgènes, une hormone stéroïdienne stimulant le développement des caractères mâles chez l’humain, contribueraient à rendre les hommes plus susceptibles d’attraper la COVID-19.

Dans leur étude, les chercheurs se sont penchés sur l’effet de la suppression de l’androgène chez l’homme lors d’infections. Ces derniers ont pu compter sur 118 patients atteints d’un cancer de la prostate, dont 4 sous traitement anti-androgénique. Leur analyse conclut que les patients prenant ce traitement avaient quatre fois moins de risques d’être infectés que ceux qui ne le recevaient pas. De plus, lorsqu’on les compare aux autres patients atteints de cancer, on observe que le risque d’être atteint par la COVID-19 est encore plus faible chez les patients présentant un déficit en androgènes. Ainsi, selon eux, ce traitement pourrait être envisagé en prévention de l’infection. Toutefois, il faut noter que l’échantillon de l’étude est trop faible pour conclure à un potentiel réel de protection contre les complications.

En effet, comme le souligne le Pr Franck Mauvais-Jarvis, endocrinologue à la Tulane University Health Sciences Center, « la testostérone pourrait être un facteur aggravant lors de l’infection par le COVID-19. On sait d’ailleurs qu’elle a un potentiel effet immunosuppresseur. Pour autant, cette étude ne permet pas d’affirmer que les androgènes sont impliqués dans l’apparition plus fréquente de formes graves chez les hommes ». Selon l’endocrinologue, la vulnérabilité observée chez les hommes serait davantage liée à une question génétique. Par exemple, la femme possède deux chromosomes sexuels X, comparativement aux hommes qui possèdent un X et un Y. Or, il est prouvé que les chromosomes X sont davantage impliqués dans la réponse immunitaire ; ce qui signifie que les femmes ont une réponse immunitaire plus efficace face aux infections que les hommes. C’est une autre hypothèse !

Un traitement par hormones féminines ?

Le spécialiste rappelle aussi que les risques de complications liées à la COVID-19 augmentent aussi avec l’âge alors que la production d’hormones sexuelles diminue en vieillissant. C’est ce qui l’amène plutôt à se questionner sur le possible effet protecteur des hormones féminines, tels l’estrogène et la progestérone, plutôt que sur celui qu’offrirait la suppression des hormones masculines. Ces hormones contribueraient également à la meilleure réponse immunitaire observée chez les femmes.

Les analyses de chercheurs italiens sur 9280 cas de COVID-19 ont ainsi permis d’observer que le risque de complications est deux fois plus élevé chez les hommes. En effet, 60 % des cas d’hospitalisation et 78 % des patients nécessitant des soins intensifs à la suite d’une infection à la COVID-19 sont des hommes.

Est-ce que les hormones féminines représenteraient une piste de solution, ou plutôt la suppression des hormones masculines ? Dans un cas comme dans l’autre, de plus amples recherches sont nécessaires avant de pouvoir développer un traitement hormonal contre la COVID-19. Le questionnement n’en reste pas moins intéressant.  

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