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27 avril 2020

Gère-t-on la COVID-19 adéquatement ?

La ventilation non invasive avant l’intubation.

Depuis le début de l’éclosion de la pandémie, on a beaucoup parlé du recours à l’intubation dans la prise en charge du syndrome de détresse respiratoire aigüe (SDRA) relié à la COVID-19. Il s’agit d’une technique très invasive qui augmente le risque de mortalité. Aujourd’hui, une nouvelle approche thérapeutique de l’affection pulmonaire liée à COVID-19 trouve sa place dans l’arsenal médical : la ventilation non invasive.

Il a d’abord été conseillé d’intuber les patients atteints de SDRA selon les protocoles en place pour ce genre de pathologie. Cependant, les lésions pulmonaires retrouvées dans le cas de la COVID-19 n’étaient pas les mêmes que celles d’un SDRA courant. Effectivement, le 30 mars dernier, des médecins italiens avançaient dans l’American Journal of Respiratory Critical Care Medecine que les affections pulmonaires liées à la COVID-19 étaient plus proches des œdèmes pulmonaires que du SDRA. En effet, dans les affections liées à la COVID-19, l’hypoxémie (manque d’oxygène) sévère est associée à de l’air emprisonné à l’intérieur des poumons, causé en quelque sorte par une obstruction. Garder une pression dans les poumons pendant l’expiration permet aux poumons de se vider davantage et ainsi d’améliorer l’oxygénation. Cela peut se comparer aux gens atteints de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) à qui on suggère la technique de respiration à lèvres pincées afin de garder une pression dans les poumons et permettre une plus grande sortie d’air à l’expiration. C’est pourquoi il est conseillé d’utiliser des équipements qui permettent d’apporter aux patients l’aide respiratoire dont ils ont besoin, tout en adoptant une approche plus prudente et douce.

Des traitements de soutien respiratoire tels que l’oxygénothérapie à haut débit et la ventilation non invasive à l’aide d’appareils BiPAP n’étaient pas, en premier lieu, indiqués en raison des risques de générer des aérosols dans l’air augmentant le risque de contagion et nécessitant des mesures de plus haute protection pour le personnel soignant ainsi que les autres patients. Devant une meilleure connaissance de la maladie et tentant de mieux utiliser le matériel médical disponible, de nouveaux protocoles de ventilation non invasive ont été proposés. Bien qu’il n’existe pas encore de recommandations officielles, les médecins s’accordent pour dire que ces formes de traitements doivent être utilisées en cas d’impossibilité de maintenir une saturation supérieure à 92 % avec un débit d’oxygène à 6 litres par minute au masque à haute concentration. L’objectif de la grande majorité des traitements de soutien à la respiration est d’obtenir une saturation plus grande que 92 % et une baisse de la fréquence respiratoire. L’intubation n’est indiquée qu’en cas de fatigue respiratoire intense, de troubles de la conscience ou d’hypoxie malgré l’augmentation de l’oxygène ou du débit. N’oublions pas qu’à ce jour, 86 % des gens hospitalisés dans une unité de soins intensifs en raison d’une affection pulmonaire liée à la COVID-19 ont connu une guérison de la maladie ou sont actuellement en convalescence.

Source : COVID grave : et si l’intubation n’était pas la solution ?, Dr Isabelle Catala