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17 avril 2020

De la crise à la résilience : l’après-coronavirus expliqué par un neuropsychiatre

« Après le coronavirus, il y aura des changements profonds » selon le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Dans une entrevue donnée à Radio-Canada, il explique comment nos sociétés sont outillées pour résister aux crises et devenir résilientes.

Dr Cyrulnik affirme que l’évolution humaine se fait à la suite de crises, puisque celles-ci sont fréquentes dans l’histoire de l’humanité. Par exemple, dans le passé, l’homme s’est adapté à des conditions glaciales en chassant davantage, et à des époques de réchauffement par l’agriculture. De la même manière, les grandes épidémies historiques ont entraîné des révolutions culturelles et adaptatives.

Du stress à la compréhension

En ce moment, le confinement donne lieu à davantage d’introspection, une plus grande production artistique et à une transformation de nos habitudes alimentaires. Par exemple, la cuisine prend plus d’importance, alors qu’auparavant on mangeait beaucoup plus de mets préparés. On prête aussi davantage attention à la radio, on recherche de la nouvelle musique, etc. Bref, cette crise nous amène à redécouvrir certaines valeurs que nous avions perdues. En s’adaptant au confinement, une compréhension de la situation prendra tranquillement la place du stress et de l’anxiété ce qui nous mènera à une plus grande résilience.

D’ici à ce que ces événements pénibles soient dépassés, nous aurons renoué avec certaines habitudes plus saines, et de nouvelles valeurs, qui nous mèneront vers un nouveau « vivre ensemble ». Nous observerons des changements profonds dans nos sociétés, comme il y en a toujours eu à la suite de crises mondiales. Après chaque épidémie, ou catastrophe naturelle, on a observé des changements culturels majeurs.

« Après le trauma, on est obligé de découvrir de nouvelles règles, de nouvelles manières de vivre ensemble : c’est une règle. » —Dr Cylrulnik.

Dans le passé, le mode de transmission des maladies n’était pas connu et le confinement ne faisait pas partie des méthodes de prévention des infections. Au contraire, les gens fuyaient et diffusaient avec eux la source de la contamination plutôt que de l’isoler, provoquant ainsi de graves épidémies. Durant la peste noire qui a ravagé le monde au 14e siècle, c’est 50 millions de vies qui ont été perdues en quelques années seulement. C’est à la suite de cette crise que les sociétés ont découvert l’art du confinement, mais aussi que les relations de travail se sont profondément transformées. Les hommes étaient alors considérés comme des serviteurs, souvent vendus avec la terre qu’ils cultivaient, mais constatant que les seigneurs ne pourraient pas toujours les protéger, les survivants de l’épidémie réclamèrent dorénavant d’être payés. Cette crise aura donc transformé les rapports hiérarchiques et les modes de production de manière durable.

Selon Dr Cyrulnik, la crise n’est pas toute mauvaise, et si tout doit être entrepris afin de sauver le plus de vie possible, on observe déjà des répercussions sociales positives. Il nous revient de décider comment redéfinir notre société afin qu’elle émerge de cette crise meilleure et plus résiliente.

  Écoutez l’entrevue complète