MPOC, Emphysème et Bronchite
La MPOC regroupe l’emphysème et la bronchite chronique
La MPOC regroupe deux problématiques pulmonaires généralement diagnostiquées chez des personnes de plus de 40 ans: la bronchite chronique et l’emphysème. Ces deux maladies se développent lentement et provoquent une obstruction progressive au passage de l’air dans les voies respiratoires réduisant votre capacité à respirer normalement. Une personne atteinte de MPOC peut être atteinte d’une de ces deux maladies ou des deux à la fois.
Emphysème
L’emphysème est une maladie dégénérative, insidieuse, à évolution lente et progressive et qui se manifeste lorsque le tissu pulmonaire se détruit et perd son élasticité. L’expiration devient alors plus difficile et laborieuse. En temps normal, les alvéoles sont comme de petits sacs élastiques. Imaginez-vous une grappe de raisins où chacun d’entre eux se comporte comme un tout petit ballon. Il se gonfle d’air à l’inspiration et se vide lors de l’expiration.
Chez une personne atteinte d’emphysème, on observe une dilatation des alvéoles accompagnée d’une destruction de la paroi de ces dernières. L’air demeure emprisonné à l’intérieur des alvéoles endommagées et les échanges d’oxygène et de CO2 sont eux aussi diminués, réduisant la quantité d’oxygène disponible dans le corps. En d’autres mots, les ballons n’ont plus leur efficacité d’origine et ne se vident plus aussi rapidement qu’auparavant. Cette respiration restreinte procure une sensation persistante d’essoufflement et de fatigue qui s’intensifie progressivement avec les temps. Malheureusement, l’emphysème est souvent diagnostiqué à un stade avancé.
Bronchite chronique
La bronchite chronique est une inflammation permanente des bronches souvent accompagnée d’hypersécrétion de mucus qui rendent difficile le passage de l’air jusqu’aux poumons. Elle se reconnaît lorsque la toux et les expectorations persistent plusieurs mois et durent généralement un peu plus longtemps chaque fois. L’obstruction des bronches et les sécrétions trop abondantes causeront de l’essoufflement de plus en plus marqué avec le temps puisque les poumons ne parviennent plus à se vider complètement lors de l’expiration.
La bronchite chronique pourrait être suspectée par votre médecin si vous souffrez d’une toux qui est régulière et qui produit des sécrétions pendant plus de 3 mois consécutifs et que cette situation est présente depuis au moins 2 années de suite. Généralement, la personne atteinte de cette maladie tousse, crache et présente de l’essoufflement lors de l’exercice ou lors des activités de la vie quotidienne.
Causes
Dans la grande majorité des cas, l’apparition de la MPOC est liée au tabagisme. La cause de 90% des MPOC est liée au fait de fumer la cigarette. Les autres facteurs de causes incluent principalement :
- La pollution de l’air (poussière ou produits chimiques);
- La fumée secondaire;
- Le déficit en alpha-1 antitrypsine qui est un trouble héréditaire rare qui cause l’apparition hâtive de l’emphysème pulmonaire et d’une obstruction bronchique très sévère;
- Les infections pulmonaires répétées durant l’enfance.
Signes et symptômes
Les personnes atteintes de MPOC présentent généralement un ou plusieurs de ces symptômes :
- Essoufflement pouvant aller du souffle court à l’effort à celui d’être trop essoufflé pour s’habiller;
- Toux chronique (surtout dans la bronchite chronique) ;
- Production de sécrétions (surtout dans la bronchite chronique) ;
- Infections respiratoires plus fréquentes (grippe, pneumonie) et temps de rétablissement plus long ;
- Fatigue ;
- Perte de poids inexpliquée ;
- Capacité réduite à s’adonner aux activités de la vie quotidienne.
Certains facteurs peuvent également aggraver les symptômes de votre MPOC. Voici les plus courants :
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Infections respiratoires (rhume, grippe, bronchite, pneumonie)
- Évitez les contacts avec les gens atteints d’une infection respiratoire, c’est-à-dire contagieuse;
- Lavez-vous les mains fréquemment;
- Recourez à la vaccination. Vous, ainsi que les gens avec qui vous vivez, devriez être vaccinés contre la grippe. Votre médecin pourrait aussi vous suggérer le vaccin contre la pneumonie.
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Polluants de l’air intérieur (fumée de cigarette, produits d’entretien ménager, odeurs fortes, poussières)
- Cessez de fumer et évitez la fumée secondaire;
- Évitez les odeurs fortes;
- Désencombrer votre domicile de sorte à éviter les accumulations de poussières;
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Polluants de l’air extérieur (gaz d’échappement, fumées industrielles, smog)
- Cessez de fumer et évitez la fumée secondaire;
- Évitez les odeurs fortes;
- Évitez le smog;
- Évitez les gaz d’échappement et les fumées industrielles.
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Émotions (colère, anxiété, stress)
- Appliquez vos techniques de respiration et de relaxation;
- Parlez de vos sentiments à vos proches.
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Changements de température (chaleur ou froid extrême)
Lorsqu’il fait FROID :
- Habillez-vous chaudement et couvrez votre nez avec un foulard
Lorsqu’il fait CHAUD :
- Privilégiez les endroits climatisés et frais*
- Buvez suffisamment d’eau (sauf si avis contraire de votre médecin)
- Évitez les activités trop exténuantes
- Portez des vêtements légers ainsi qu’un chapeau
Diagnostic
Pour diagnostiquer la MPOC, votre médecin débutera par vous questionner au sujet de vos antécédents de santé et vos habitudes de vie, par exemple :
- Fumez-vous ou avez-vous déjà fumé?
- Êtes-vous souvent essoufflé(e)?
- Qu’est-ce qui aggrave votre essoufflement?
- Toussez-vous? Depuis combien de temps?
- Crachez-vous des sécrétions (mucus)?
- Des membres de votre famille sont-ils atteints de maladies pulmonaires?
Par la suite, des examens lui permettront d’établir un diagnostic:
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La spirométrie
Il s’agit du moyen le plus fiable de diagnostiquer la MPOC. On vous demandera de souffler le plus fort et le plus longtemps possible dans un tube rattaché à un appareil. Cet appareil mesurera la quantité d’air qui parvient à sortir très rapidement de vos poumons au début de votre expiration et combien de temps il vous faut pour expirer tout l’air de vos poumons.
Ce test est généralement fait avant l’administration d’un médicament qui ouvre les bronches et répété une dizaine de minutes après l’administration de ce médicament. La différence entre les deux résultats fournira de précieux éléments au médecin pour confirmer s’il s’agit ou non d’une MPOC. La spirométrie est également un moyen qui permet au médecin de mesurer l’évolution de la maladie.
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La radiographie pulmonaire
Cet examen, utilisant des rayons X, permet au médecin d’obtenir une image de vos poumons. Ainsi, il est en mesure de détecter la présence d’une infection pulmonaire, d’une maladie bronchique, une tumeur ou autre.
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Test de fonction pulmonaire complet ou bilan de base
Il s’agit d’un examen qui est complémentaire à la spirométrie et peut être, dans certains cas, effectué suite au diagnostic d’une MPOC. Il permet l’obtention d’un diagnostic encore plus précis.
Cet examen, plus exigeant que la spirométrie et d’une durée d’environ 45 minutes, évalue notamment la capacité de diffusion des poumons, c’est-à-dire sa capacité à faire passe l’oxygène des poumons vers le sang et l’inverse avec le déchet produit par notre corps et appelé gaz carbonique (CO2).
Traitements
Il n’y a pas de traitement curatif pour la MPOC, mais les traitements disponibles visent à ralentir l’évolution, prévenir les complications, réduire les symptômes et améliorer la qualité de vie.
L’arrêt tabagique
Il est absolument essentiel de cesser de fumer afin de ralentir l’aggravation de l’obstruction bronchique et la diminution de la fonction respiratoire.
Si vous souhaitez arrêter de fumer, sachez que de nombreuses ressources sont disponibles pour vous aider. L’Association pulmonaire du Québec offre gratuitement plusieurs services en arrêt tabagique.
Ligne d’information
Vous pouvez obtenir le soutien d’un inhalothérapeute via notre ligne téléphonique d’information, du lundi au jeudi de 8h à 17h ainsi que le vendredi de 8h à midi:
- 1-888-POUMON-9, poste 232(768-6669), poste 232
- par courriel à l’adresse suivante : info@poumonquebec.ca
Programme Enfin Libre! du tabac
Participez au programme de cessation Enfin libre ! du tabac par l’entremise de rencontres de groupe, contactez le 1-888-POUMON-9 (768-6669) poste 222
Votre guide pour cesser de fumer
Un outil indispensable pour vous accompagner pas à pas dans votre démarche. Téléchargez ici.
Voici également d’autres services pouvant vous être utiles
J’ARRÊTE (MSSS du Québec)
- Contactez le 1-866-JARRETE (527-5283) ou visitez le site Web.
Les Centres d’abandon du tabagisme (CAT)
- Contactez le CLSC de votre secteur.
- https://quebecsanstabac.ca/jarrete/aide-personne
La médication
Les médicaments utilisés pour le traitement de la MPOC visent à maximiser les fonctions des poumons, à réduire l’essoufflement et à améliorer la tolérance à l’effort. Plusieurs médicaments sur ordonnance existent et il en va de même pour les dispositifs de prise de médication.
Votre médecin est le professionnel désigné pour déterminer le meilleur traitement pour vous. Si vous avez des difficultés à utiliser le dispositif d’administration du médicament prescrit, il est primordial d’en discuter avec lui. La technique avec laquelle vous prenez votre médication a un impact direct sur son efficacité. Ci-dessous, nous distinguerons les trois grandes catégories de médicaments utilisés dans le traitement de la MPOC :
- Les bronchodilatateurs
- Les anti-inflammatoires
- Les médicaments utilisés pour traiter les exacerbations (lorsque votre état se détériore et que vos symptômes s’aggravent)
Les bronchodilatateurs
Ils constituent la base du traitement de la MPOC puisqu’ils ouvrent les voies respiratoires et préviennent ou réduisent l’essoufflement, principalement lors d’effort. Les bronchodilatateurs se divisent à leur tour en 3 classes.
Selon le principe d’une clé qui débarre une serrure, chaque classe de médicament (clé) agit sur un type de récepteur (cadenas) spécifique. Finalement, pour chaque de ces classes, il y des médicaments qui ont une courte durée d’action (4 à 6 heures) et d’autres qui ont une longue durée d’action (environ 12 à 24 heures).
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Les bêta2-agonistes (aussi appelés bêta2-adrénergiques)
Courte durée d’action : Ces médicaments sont considérés comme des médicaments de secours et doivent vous accompagner partout où vous allez. Ils ont pour effet d’ouvrir rapidement (à l’intérieur de 15 minutes) les voies respiratoires. Dans certains cas, le médecin pourrait recommander que ce médicament soit pris sur une base régulière.
- Ventolin® Aérosol-doseur
- Ventolin® Diskus®
- Bricanyl® Turbuhaler®
Longue durée d’action : Ces médicaments sont indiqués pour le traitement de maintien de la MPOC et sont pris de façon régulière. Ils ont pour effet de diminuer l’essoufflement, les exacerbations (crises) et améliorent de façon générale la qualité de vie. Leur action sur les voies respiratoires dure entre 12 et 24 heures, mais leur effet débute moins rapidement que les médicaments de courte durée nommés précédemment. Pour cette raison, les médicaments qui suivent ne doivent pas être pris pour pallier une situation de crise.
- Serevent® Diskus®
- Oxeze® Turbuhaler®
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Les anticholinergiques
Courte durée d’action : Ce médicament est généralement pris de façon régulière soit tous les jours et plusieurs fois par jour. Il a pour effet d’ouvrir rapidement (à l’intérieur de 15 minutes) les voies respiratoires et ainsi réduire l’essoufflement. Dans certains cas, le médecin pourrait recommander que ce médicament soit pris au besoin.
- Atrovent® Aérosol-doseur
Longue durée d’action : Ces médicaments sont indiqués pour le traitement de maintien de la MPOC et sont pris de façon régulière. Ils ont pour effet de diminuer l’essoufflement, les exacerbations (crises) et améliorent de façon générale la qualité de vie. Leur action sur les voies respiratoires dure entre 12 et 24 heures, mais leur effet débute moins rapidement que les médicaments de courte durée nommés précédemment. Pour cette raison, les médicaments qui suivent ne doivent pas être pris pour pallier une situation de crise.
- Seebri® Breezhaler®
- Tudorza® Genuair®
- Incruse® Ellipta®
- Spiriva® Respimat®
- Spiriva® Handihaler
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Les traitements d’association de bronchodilatateurs
Courte durée d’action : Ce médicament combine à la fois un médicament bêta2-adrénergique de courte durée ainsi qu’un anticholinergique de courte durée. Il sert généralement de médicament de secours, mais peut également faire partie de maintien de votre MPOC.
- Combivent® Respimat®
Longue durée d’action : Ces médicaments combinent des médicaments bêta2-adrénergiques à longue durée d’action et des anticholinergiques à longue durée d’action. Ils font partie du traitement de maintien de la MPOC en réduisant l’essoufflement, la respiration sifflante, les exacerbations (crises) et améliorent ainsi la qualité de vie. Leur action sur les voies respiratoires dure entre 12 et 24 heures, mais leur effet débute moins rapidement que les médicaments de courte durée nommés précédemment. Pour cette raison, les médicaments qui suivent ne doivent pas être pris pour pallier une situation de crise.
- Ultibro® Breezhaler®
- Duaklir® Genuair®
- Anoro® Ellipta®
- Inspiolto® Respimat®
Les anti-inflammatoires
Comme son nom l’indique, l’anti-inflammatoire va réduire l’inflammation provoquée par la maladie et présente à l’intérieur de bronches. Il existe 3 classes bien distinctes d’anti-inflammatoires.
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Les corticostéroïdes inhalés
Ce type d’anti-inflammatoire réduit la fréquence des exacerbations, mais ne peut en aucun cas, constituer l’unique traitement d’une personne atteinte de MPOC. Il doit absolument être pris que si un bronchodilatateur est également pris.
- Flovent® Aérosol-doseur
- Flovent® Diskus®
- Plumicort® Turbuhaler®
Des médicaments combinant à la fois un ou des bronchodilatateurs de longue durée d’action à un corticostéroïde sont également disponibles. La formule combinée de ces médicaments réduit à la fois les manipulations et les risques d’oubli liés à la prise de ceux-ci.
- Advair® Aérosol-doseur
- Advair® Diskus®
- Symbicort® Turbuhaler
- Breo® Ellipta®
- Trelegy® Ellipta®
- Wixela® inhub®
- Breztri® aerosphère®
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Les inhibiteurs de la phosphodiestérase (PDE)
Ces médicaments, pris en comprimés ou en sirop à avaler, et ce, sur une base régulière, ils réduisent l’inflammation à l’intérieur des poumons et par le fait même l’essoufflement. Ils ne doivent en aucun cas être pris comme médicament d’urgence et doivent toujours être prescrits en complément à un bronchodilatateur en inhalation.
- Daxas®
- Théophyllines
Les médicaments de traitements des exacerbations (crises)
Les comprimés oraux de cortisone (aussi disponible en sirop) ainsi que les antibiotiques sont les composantes principales du traitement des exacerbations et constituent habituellement le plan d’action du patient MPOC. Ainsi, le patient qui voit sa toux s’être intensifiée ou encore voit ses expectorations se colorer peut, en fonction d’une ordonnance préétablie par son médecin, débuter la prise de ces médicaments afin d’éviter l’amplification des symptômes. Si vous souffrez de MPOC, demandez à votre médecin d’obtenir un plan d’action.
L’oxygénothérapie
L’oxygénothérapie à domicile est prescrite à des individus qui répondent à des critères bien précis dans le but d’augmenter la concentration d’oxygène dans le sang lorsque celle-ci est jugée insuffisante. Le médecin traitant est la personne ressource pour vous renseigner à ce sujet.
La vaccination
Il est primordial de souligner l’importance de la vaccination chez les personnes atteintes de maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC) et leur entourage. Ces individus sont particulièrement vulnérables aux infections respiratoires, notamment la COVID-19 et l’influenza. Il est donc fortement recommandé de se faire vacciner contre ces deux maladies chaque année, idéalement à l’automne. De plus, des vaccins contre les pneumonies à pneumocoque et le virus respiratoire syncytial (VRS) peuvent également être recommandés par votre médecin ou votre infirmière praticienne. Ces vaccins constituent un bouclier essentiel pour protéger votre santé et réduire le risque de complications graves.
Les personnes atteintes de MPOC sont plus susceptibles de développer des complications graves en cas d’infection, telles que des exacerbations, des hospitalisations et même le décès.
En se faisant vacciner, vous protégez non seulement votre propre santé, mais également celle de vos proches.
La rééducation respiratoire
Les programmes de réadaptation pulmonaire permettent une prise en charge globale qui tient compte autant de l’impact psychologique, que de l’impact social et physique de la maladie. Les personnes inscrites participent à des séances données par une équipe interdisciplinaire de professionnels de la santé qui offrent des interventions sur des thèmes variés (exercice physique, nutrition, techniques de respiration, principes de conservation de l’énergie, etc.). Un programme d’exercices adaptés à la condition physique de la personne atteinte de la MPOC renforcera les muscles respiratoires et améliorera sa qualité de vie. Le centre de réadaptation pulmonaire Inspir’er, situé dans les locaux de l’Association pulmonaire du Québec, offre gratuitement un programme complet de réadaptation pulmonaire.
D’autres centres proposent également des programmes similaires. Pour en savoir davantage sur ce programme ou connaître les endroits qui proposent un tel programme près de chez vous, contactez-nous au 1-888-POUMON-9 (768-6669), poste 236.
Toutefois, tous n’ont pas la chance d’avoir ce type de centre à proximité de leur domicile ou encore d’avoir un moyen de transport pour s’y rendre. Notre équipe a donc spécialement conçu un guide d’entraînement pour les gens atteints de maladies respiratoires.
Autres interventions
Des interventions chirurgicales telles que la réduction pulmonaire et la transplantation pulmonaire ne sont envisagées que dans certains cas particuliers.
De son côté, la recherche portant sur les maladies pulmonaires chroniques progresse et nous espérons qu’elle saura offrir bientôt de nouveaux traitements.
Saviez-vous que
L’Association pulmonaire du Québec offre des services directs à la population. Pour en savoir davantage, visitez notre section Programmes et services
Révision décembre 2024