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Mésothéliome pleural

Classifié à tort comme un cancer du poumon, le mésothéliome pleural n’en est pas un. Bien qu’il se situe à proximité du poumon, il prend naissance dans la plèvre, c’est-à-dire la membrane qui tapisse l’intérieur de la paroi thoracique et enveloppe les poumons. Plus présent chez l’homme que chez la femme et davantage au Québec que dans l’ensemble du Canada, le mésothéliome pleural touche près de 230 Québécois(es) chaque année.

Le mésothéliome peut toucher divers organes tels que le péritoine (membrane qui recouvre la paroi abdominale et enveloppe les viscères) et le péricarde (membrane qui enveloppe le cœur) mais dans 90% des cas, il concerne la plèvre c’est-à-dire la membrane à doubles feuillets qui recouvre les poumons.

mesotheliome pleural

Causes

Contrairement à ce que l’on voit dans les cas de cancer du poumon, le tabagisme ne constitue pas un facteur de risque dans le cas du mésothéliome pleural. L’exposition à l’amiante tant au niveau de l’extraction, de sa transformation que de son utilisation en sont les principales causes. Parmi les professions à risque, on retrouve : les ouvriers de mine d’amiante, de l’industrie automobile et navale, de cimenterie, des travailleurs de la construction tels qu’électricien, plombier, charpentier et peintre.

En plus d’être à risque de développer une amiantose, 10% des travailleurs de l’industrie de l’amiante courent le risque de développer un mésothéliome au cours de leur vie, et ce, en générale entre 20 à 40 après l’exposition.

Le mécanisme par lequel l’exposition à l’amiante conduit au mésothéliome pleural demeure à ce jour inconnu. Cependant, il est démontré qu’une prédisposition génétique combinée à un environnement positif en amiante augmentent les risques de développer un mésothéliome pleural.

Il existe également d’autres causes :

  • Certains minéraux fibreux, dont l’aspect est relativement similaire à celui de l’amiante, tels que l’érionite, surtout présent dans les sols de la Turquie et la fluoro-édénite, qui se retrouve dans la lave de certains volcans, notamment le volcan Etna en Italie;
  • Plus rarement, il peut être causé par les rayons émis lors de traitements de radiothérapie reçus au niveau du thorax.

Signes et symptômes

Le mésothéliome pleural s’installe de façon insidieuse. Il est fréquent qu’il n’y ait aucun ou peu de symptômes au début de la maladie. Sa détection précoce est d’autant plus difficile que la maladie survient de nombreuses années après l’exposition aux substances en cause.

  • Essoufflement progressif
  • Toux sèche
  • Perte de poids
  • Fatigue
  • Douleur thoracique
  • Difficulté à avaler les aliments

Ces manifestations sont non spécifiques et peuvent se manifester dans d’autres maladies. Également, lorsque des métastases affectent d’autres organes, des symptômes très variés peuvent apparaître. Ainsi un examen médical est primordial.

Diagnostic

Examen initial

La présence de ces signes et symptômes chez un patient avec une profession (ex. tuyauteur, calorifugeur, électricien), un environnement de travail (mine ou usine d’amiante) ou de vie (isolation à l’amiante) suggestive d’une exposition significative à l’amiante permet de soupçonner un mésothéliome pleural. Il faut toutefois savoir que dans environ la moitié des cas de mésothéliome pleural, aucune exposition à l’amiante n’apparait évidente.

Imagerie

Une radiographie du thorax permettra de mettre en lumière un épaississement de la plèvre, habituellement d’un seul côté. Dans la très grande majorité des cas, le mésothéliome pleural est accompagné d’un épanchement pleural signifiant que du liquide s’est accumulé dans la cavité thoracique, entre le poumon et la paroi thoracique.

Dans une telle situation, une ponction pleurale, aussi nommée thoracocentèse, sera effectuée afin de permettre l’évacuation et l’analyse de ce liquide. Ceci procure au patient un soulagement de son essoufflement en permettant à son poumon de mieux se redéployer. Les cellules cancéreuses du mésothéliome présentes dans le liquide peuvent aussi être identifiées par le pathologiste pour porter le diagnostic de mésothéliome.

Cette analyse est importante, car d’autres cancers que le mésothéliome peuvent se présenter cliniquement sous forme d’épanchement pleural, comme le cancer du sein et le cancer du poumon.

epanchement pleural

Une tomodensitométrie (aussi appelé scanneur) du thorax ou une tomoscintigraphie (fréquemment appelé PET-Scan) permettront quant à eux de situer l’étendue ou non du cancer à travers les autres structures : poumon, ganglions lymphatiques, vertèbres, etc. De cette façon, ce type d’examen détermine le niveau d’avancement du cancer, appelé « stade ».

Analyse

Dans la situation où il y a présence d’un épanchement pleural, une ponction pleurale, aussi nommée thoracocentèse, sera effectuée afin de permettre l’évacuation et l’analyse de ce liquide (cytologie).

Si le recueillement d’un tel liquide ne peut être fait ou encore que son analyse n’est pas concluante, une biopsie pleurale peut être effectuée et permettre, par l’analyse des tissus (histologie) de déterminer s’il s’agit d’une tumeur. De plus, l’apparence des tissus de ce prélèvement (histologie) permettra de déterminer le sous-type de la tumeur :

  • Épithélioïde : La forme épithélioïde est la plus fréquente et constitue le sous-type avec le pronostic le plus favorable.
  • Sarcomatoïde : La forme sarcomatoïde est la moins fréquente et constitue le sous-type avec le pronostic le moins favorable.
  • Biphasique : une combinaison des deux sous-types.

Une biopsie pleurale pourra également être effectuée et permettra entre autres de déterminer si la tumeur est localisée à un seul endroit ou si elle a envahi les organes ou d’autres structures autour d’elle.

Finalement, une analyse en immunohistochimie, lorsque disponible, permettra de détecter des protéines ou d’autres antigènes dans le tissu et déterminera si des traitements d’immunothérapie sont appropriés.

Examens complémentaires

Des examens complémentaires tels que des prélèvements sanguins ou des tests de fonction respiratoire peuvent être également demandés par votre médecin afin d’évaluer votre état de santé dans son ensemble.

Stades

Il existe différents stades du mésothéliome pleural, peu importe le sous-type présent, qui est basé sur l’étendue de la tumeur.

Stade Description
1 A Le cancer est présent au niveau de la portion de la plèvre qui avoisine la tumeur.
1 B Le cancer est présent au niveau de la portion de la plèvre qui avoisine la tumeur, mais il atteint également soit le tissu du poumon, soit le diaphragme.
2 Le cancer est présent au niveau de la plèvre du côté de la tumeur, il a atteint le tissu du poumon ou le diaphragme et en plus, il s’étend aux ganglions lymphatiques situés du même côté que la tumeur.
3 A Le cancer est présent au niveau de la plèvre du côté de la tumeur, il s’est propagé aux ganglions lymphatiques de l’autre côté de la tumeur. Il peut également avoir atteint une ou plusieurs de ces structures :

  • Tissu conjonctif et/ou tissu mou de la paroi thoracique
  • Gras présent dans l’espace entre les deux poumons
  • Revêtement du cœur appelé péricarde, sans le traverser complètement
3 B Le cancer est présent au niveau de la plèvre du côté de la tumeur. Il a également atteint une ou plusieurs de ces structures :

  • Tissu conjonctif et/ou tissu mou de la paroi thoracique
  • Plèvre située de l’autre côté du thorax
  • Os de la colonne vertébrale (vertèbres)
  • Moelle épinière
  • Œsophage, trachée ou gros vaisseaux sanguins situés dans le médiastin (entre les poumons)
  • Revêtement du cœur appelé péricarde et la tumeur le traverse
4 Le cancer s’est propagé à d’autres parties du corps (métastases) est dit métastatique.

Traitements

Le choix du traitement dépendra de plusieurs facteurs : le sous-type de cancer, la présence ou non de certains biomarqueurs, le stade clinique (extension de la maladie), l’état physiologique du malade (âge, fonction pulmonaire, santé générale, etc.), sans oublier son état psychologique. Les principaux traitements proposés sont la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et plus récemment l’immunothérapie.

Lors de vos rencontres avec votre équipe de médecin, d’infirmier(e)s, de pharmacien(nes)s, ces derniers établiront avec vous votre plan de traitement. Chacun des traitements, qu’ils soient chirurgicaux, médicamenteux ou autres constitue ce que l’on appelle une ligne de traitement. Votre médecin vous spécifiera également l’ordre dans lequel ceux-ci seront effectués.

Chirurgie : La chirurgie, lorsqu’elle est possible et surtout si elle permet de retirer tous les tissus envahis par la tumeur est le traitement offrant le meilleur pronostic.

Radiothérapie : Des traitements de radiothérapie peuvent être administrés dans le but de réduire la douleur causée par la tumeur ou encore pour réduire les risques de récidive soit à la suite d’une chirurgie ou d’une ponction pleurale.

Chimiothérapie : La chimiothérapie quant à elle peut être administrée dans le but de réduire la taille de la tumeur et ainsi soulager certains symptômes.

Immunothérapie : L’immunothérapie, disponible depuis peu dans le traitement du mésothéliome pleural, permet d’augmenter l’efficacité du système immunitaire pour combattre la tumeur. Toutefois, avant d’initier une telle thérapie, une analyse de la présence d’un biomarqueur nommé PD-L1 est requise. Celle-ci s’effectue à partir du tissu prélevé au moment de la biopsie et doit révéler une expression du PD-L1 ≥ à 50%.

Si vous avez discuté avec votre médecin des divers traitements mentionnés ci-dessus et qu’ils ne conviennent pas à votre situation, vous pouvez demander à votre médecin si des essais cliniques pourraient correspondre à votre profil ou encore discuter avec lui des soins palliatifs les plus appropriés qui vous permettraient de terminer votre parcours de vie de façon digne et confortable.

Conseils et prévention

Le meilleur conseil est de ne pas s’exposer à des produits contenant de l’amiante sans la protection requise. Une exposition aujourd’hui pourrait avoir des conséquences dramatiques dans quelques décennies. Si malheureusement vous avez été en contact avec des produits contenant de l’amiante sans avoir été adéquatement protégé et que vous êtes inquiets, vous pouvez contacter la Clinique de médecine du travail et de l’environnement du Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) au 514-890-8000, poste 25254.

Saviez-vous que

L’Association pulmonaire du Québec offre une ligne téléphonique d’informations sans frais soutenue par des professionnels de la santé. Vous pouvez nous joindre au 1-888-POUMON-9 du lundi au jeudi de 8h à 16h30 et le vendredi de 8h à 12h un groupe d’entraide virtuel regroupant des gens de tous les Québec atteints de maladies pulmonaires et qui se réunissent chaque semaine. Également, dès l’automne 2021, des ateliers virtuels Santé & Bien-être seront offerts aux personnes atteintes de cancer.

Révision janvier 2022