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28 juillet 2023

Entrevues avec Christophe et Marilou, kinésiologues au Centre Inspir’er

Ouvert en 2017, le Centre Inspir’er offre un service communautaire aux personnes atteintes de maladies respiratoires. Entrevues avec Christophe Tousignant, kinésiologue, et Marilou Fecteau, kinésiologue stagiaire, pour décrypter leurs missions auprès des patients. 

Bonjour Christophe, certains membres de l’Association pulmonaire du Québec ont eu l’occasion de te rencontrer au Centre Inspir’er mais d’autres ne te connaissent pas encore. Peux-tu te présenter rapidement ? 
Je m’appelle Christophe Tousignant, j’ai 31 ans. Je travaille en tant que coordinateur et kinésiologue au Centre Inspir’er à l’Association pulmonaire du Québec. Mon travail consiste à aider les patients en réadaptation pulmonaire. 

Peux-tu nous parler un peu plus de tes études ?  
J’ai toujours aimé l’activité physique et j’ai toujours voulu travailler dans une relation d’aide. J’ai commencé par faire une technique en réadaptation physique puis j’ai voulu continuer en physiothérapie, mais j’ai seulement été accepté en kinésiologie. Avec le temps, j’ai appris à aimer la kinésiologie plus que je ne le pensais. Je suis resté dans ce domaine qui, finalement, est très connexe à la physiothérapie. 

J’ai obtenu mon diplôme de kinésiologue en 2022 à l’Université de Sherbrooke. 

Tu travailles au Centre Inspir’er qui est situé dans les bureaux de l’Association pulmonaire du Québec. Peux-tu nous dire quel type de patientèle vient s’entrainer au Centre ? 
Ce sont des patients atteints de maladies pulmonaires multiples. Ça peut être la MPOC, l’asthme sévère, la fibrose pulmonaire ou des gens avec des atteintes pulmonaires suite à la COVID longue par exemple. Ce sont plutôt des personnes de 60 ans et plus mais ça nous arrive aussi d’avoir des jeunes.

Les patients qui viennent au Centre Inspir’er doivent-il aussi continuer à s’entrainer à domicile ? 
Le Centre Inspir’er offre trois programmes de réadaptation pulmonaire :  

  • Une réadaptation qui se fait en présentiel au Centre Inspir’er avec nos équipements (tapis roulant, vélo stationnaire, etc.). 
  • Un programme virtuel qui est très populaire, surtout depuis la pandémie, qui se fait en visioconférence avec des élastiques qu’on donne au préalable aux patients. Ce format est éprouvé et donne des bénéfices semblables à la réadaptation en personne.  
  • Un programme de maintien à domicile avec un suivi par téléphone. 

Justement, lorsque les patients ne peuvent pas se rendre sur place, comment fais-tu pour contrôler et corriger leurs mouvements ? 
Lorsqu’on fait de la réadaptation en visioconférence, on demande toujours aux patients d’ouvrir leur caméra. Je peux donc vérifier que les exercices soient faits correctement. Dans le cas d’un programme à domicile, on fait toujours une démonstration au Centre Inspir’er avant. 

Quel que soit le format de réadaptation, nous faisons toujours une évaluation initiale au Centre avant de commencer le programme d’entrainement. 

Comment gères-tu les situations difficiles, par exemple avec des patients qui ont des attentes trop élevées par rapport à ce que leur condition pulmonaire leur permet de faire ? 
Peu importe le niveau ou la condition physique du patient qui vient au Centre, on ne cherche pas à faire des performances sportives, on veut que le patient puisse améliorer sa qualité de vie et avoir des petites victoires pour des activités quotidiennes ou des choses qu’il n’était plus capable de faire. Je suis ici pour collaborer et aider les patients dans cet objectif.

Si un patient veut s’entrainer avec toi au Centre Inspir’er, que doit-il faire ? 
Premièrement, il faut une requête d’un professionnel de la santé (médecin de famille, pneumologue, infirmier praticien spécialisé, physiothérapeute, inhalothérapeute…) qui décrit le problème pulmonaire. Il faut absolument avoir un diagnostic de maladie pulmonaire pour venir s’entrainer au Centre Inspir’er. 

Ensuite, les personnes suivent le programme de réadaptation pulmonaire pendant 8 semaines, à raison de 2 fois par semaine. On effectue des exercices pendant environ une heure qui misent beaucoup sur l’enseignement. On parle des saines habitudes de vie, de la bonne prise de médication, des techniques de toux, de respiration et de désencombrement bronchique… Puis, les patients ont toujours une troisième séance à faire à la maison. 

Lorsqu’ils ont complété le programme de réadaptation pulmonaire, les patients vont pouvoir suivre un programme personnalisé de maintien, toujours au Centre Inspir’er, deux fois par semaine.  

Dirais-tu que ton métier agit aussi sur la santé mentale des patients ?
Ça joue beaucoup sur la santé mentale aussi. Les gens viennent, se rencontrent, partagent leur expérience, posent des questions… Il y a une ambiance très familiale au Centre Inspir’er ! Il y a un réel sentiment d’appartenance à l’Association.  

Si tu avais un super pouvoir, quel outil souhaiterais-tu inventer pour t’aider dans ta pratique ?  
Ça serait de faire en sorte que les gens voient les résultats de leurs efforts plus rapidement afin qu’ils puissent plus facilement y adhérer et y rester plus longtemps ! Ça prend un certain temps avant de voir des effets bénéfiques de l’activité physique donc si on était capables de montrer aux patients que ça en vaut la peine, peut-être qu’on aurait plus de personnes qui voudraient participer ! 

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Bonjour Marilou ! Peux-tu te présenter ? 
Je m’appelle Marilou Fecteau, j’ai 23 ans, je suis technologue en physiothérapie et je fais actuellement mon bac en kinésiologie à l’Université de Sherbrooke et je suis stagiaire à l’APQ depuis le mois de mai.  

Quelles sont les victoires et les défis que tu rencontres dans ta pratique au quotidien ? 
Ce que je trouve le plus gratifiant est de voir qu’on peut faire une réelle différence dans la vie des gens. Nous, on accompagne les patients et on leur donne des outils et un encadrement, mais ce sont eux qui font le travail de bouger pour leur santé. Une fois qu’ils trouvent leur motivation, on voit de réelles différences. Ce qui est le plus difficile à accepter avec les maladies pulmonaires c’est que ce sont des maladies dégénératives et que, parfois, peu importe ce que les gens vont faire et la motivation de la personne, la condition pulmonaire va finir par se détériorer.  

Comment vois-tu la profession de kinésiologue dans le futur ? 
Je suis convaincue que la profession va se développer au fil des années. Elle n’est pas assez connue, selon moi, mais on en entend parler de plus en plus, dans le milieu sportif, hospitalier ou encore dans le milieu de travail. L’activité physique fait partie intégrante de la santé et des saines habitudes de vie des individus et le kinésiologue est le spécialiste de l’activité physique donc je crois qu’on a notre place dans un réseau de santé complet.  

 

Propos recueillis par Maude Riout, coordonnatrice aux communications, Association pulmonaire du Québec.
Juillet 2023